Acheter du matériel de traction animale neuf peut comporter certains risques, et ce, pour plusieurs raisons. Premièrement, les coûts sont généralement élevés, du aux faibles quantités de productions. Ensuite, il y a le coût du développement. Bien qu’une panoplie de machines aient été développées au cours des siècles précédents, bon nombre de matériels vendus aujourd’hui tentent de proposer des solutions nouvelles à des problèmes anciens et n’ont pas toujours eu le temps d’être testé et validé sur la durée, d’où de nombreux cas de défauts de conception. C’est ce constat qu’a fait Fabien Rouvrais, après avoir acheté son avant-train. Pourtant, il avait tout pour plaire. Equipé d’un relevage hydraulique et d’une prise de force engagée par les roues, sa construction robuste le destinait à de gros travaux, et notamment animer une faucheuse et un gyrobroyeur afin de ne plus avoir besoin du tracteur pour ces opérations. L’avantage d’un tel avant-train aurait pu être conséquent : Fabien n’aurait plus eu besoin d’une remorque pour transporter ses outils au champ, ce qui lui aurait permis de gagner pas mal de temps en mise en œuvre.Fabien Rouvrais est maraicher en traction animale en Bretagne. Grâce à ses deux traits bretons et une jument croisée trait/arabe, il réalise la majeure partie des travaux de la ferme, excepté ses deux hectares de foin.
La Bretagne souffre d’un contexte agricultural un peu particulier, où l’agriculture est passée en peu de temps à de la sous-mécanisation à de la surindustrialisation. Encore maintenant, l’on ressent ces effets par le biais de la présence important des fermes-usines. S’installer en tant que maraicher visant l’auto-suffisance, qui plus est avec un mode de production alternatif (la traction animale), ne fut pas chose aisée.
En traction animale, comme on peut le voir ici : ( vielles-machines-bricollees-t3990.html ), les machines les plus anciennes sont les plus fonctionnelles. Ainsi, Fabien avait acheté un Avant-train « high tech » avec relevage hydraulique qui finalement, s’est avéré mal conçu. Ainsi, il préfère utiliser de vielles machines, testées et approuvées, qu’il répare et améliore.
Malheureusement, cet avant-train s’est avéré remplis de défauts de conception. Parmi ceux-ci, l’équilibrage de l’ensemble en est un majeur. Un système relativement complexe avait pourtant été conçu : Lorsqu’un outil est relevé à l’arrière, les sièges peuvent s’avancer afin de mieux répartir le poids. Cependant, cela n’est pas suffisant lorsque l’on désire transporter des outils un peu lourds (cela dépendra également du poids du meneur). Afin de palier à ce problème, Fabien a bricolé un système lui permettant d’avancer encore un peu plus son poids vers l’avant afin de rétablir le centre de masse de l’ensemble…ce qui n’a pas été suffisant. De même au niveau du relevage hydraulique, il semble y avoir eu quelques problèmes de conception. En marge des systèmes d’engrenages mécaniques simples et testés que l’on retrouve sur les machines du siècle dernier, le système présente ici un alternateur dont le problème est de ne pas tourner suffisamment rapidement pour recharger les batteries correctement (il tourne à 150tours/minute au lieu de 1000).
Et puis, il y a la prise de force. Conçue pour être prise directement sur l’axe des roues, elle ne permettait pas d’atteindre les 540tours minutes requis afin de pouvoir atteler une petite tondeuse par exemple. Afin de remédier à ce problème, Fabien a installé un système de démultiplication sur base d’un plateau et d’une chaine de moto, ce qui aurait permis, techniquement de faire tourner la prise de force à 600tours/minutes. Ensuite, Fabien a dû modifier le système d’attelage des brancards afin de pouvoir y atteler deux chevaux (ce qui semble nécessaire au vu du poids de l’avant-train). Il a donc déplacé le brancard sur le côté et bricolé un système permettant de les déplacer aisément. Enfin, il y a les freins. Eux, ne fonctionnent carrément pas….
Finalement, Fabien est entré en contact avec un lycée agricole afin qu’ils tentent d’améliorer sa machine.
A un prix d’environ 9000euros (neuf), il y a lieu de se demander si de tels investissements sont judicieux, et surtout, suivent la logique d’une installation en traction animale dont l’un des piliers est de se départir au maximum des contraintes liées à l’utilisation de technologies dont il est difficile d’en maitriser touts les tenants et aboutissants.
C’est cette réflexion qui a animé Fabien puisqu’en parallèle de cet avant-train, il a acheté et modifié un second avant-train, réalisé à partir de volets (visible ici).
Si vous désirez voire d’autres avant-trains, voici celui de Pierre-Gallet: avant-train-avec-dynamo-t3997.html
Ces travaux de recensement bénéficient du soutien financier de l’Europe et du Réseau Rural National, par le biais de la Mobilisation Collective pour le Développement Rural coordonnée par l’Atelier Paysan sur "L’innovation par les Usage·R·E·s, un moteur pour l’agroécologie et les dynamiques rurales" (2018-2021).
